FOI-INTRODUCTION

En écho direct avec l’apôtre Jean :

« Celui qui a les biens de ce monde, et qui voit son frère dans le besoin, et qui lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? » 1Jean 3:17

LES RICHESSES (l’avoir) OU LA RICHESSE (l’être)

Claude Tresmontant dans son livre L’enseignement de Ieschoua de Nazareth transpose même l’accumulation des richesses sur le plan d’un mal spirituel :

« L’idolâtrie, nous l’avons vu aussi dans notre précédent essai, consiste essentiellement à conférer aux êtres du monde des caractères ou des attributs qui ne conviennent qu’à Celui qui est l’Être absolu. (…)
La richesse est effectivement, chez la plupart des hommes, l’objet d’un culte idolâtre, dans le secret de leurs coeurs. L’accumulation de la richesse est un effort pour échapper à l’angoisse de la mort, à l’angoisse de l’instabilité et de l’insécurité, de la dépendance, un effort pour s’assurer contre le risque, une recherche de la consistance. » 

Maintenant, pour être fidèle à ma démarche précédente, il faut voir positivement cet appel à ne pas se confier dans les richesses. Comment mon comportement docile face à cette exigence évangélique sera-t-il pour moi une source de vie et non pas une contrainte à ma liberté qui me laissera un goût amer. Le même auteur complète sa pensée dans ce sens :

« Et tout homme qui a laissé des maisons, ou des frères, ou des soeurs, ou son père, ou sa mère, ou des enfants ou des champs (Luc : ou une femme) à cause de mon nom (Marc : et à cause de l’évangile; Luc : à cause du royaume de Dieu) – celui-là recevre bien plus (Marc : le centuple dans la création présente : des maisons, et des frères et des soeurs et des mères et des enfants et des champs, avec des persécutions), et dans la durée qui vient, la vie éternelle. » (Mat. 19,27; Marc, 10, 28; Luc,18,28) Le rabbi Ieschoua ne demande pas de renoncer librement à la richesse et à la propriété pour aboutir finalement au vide, et au néant. Il recommande de renoncer aux richesses afin d’atteindre à une richesse multipiée infiniment. Ce qu’il vise, ce n’est pas le néant, mais l’être.» 

De point de vue chrétien, ce qui est doublement exaltant, c’est que les contraintes qui me sont imposées proviennent de l’Amour. Il m’apparaît important de m’attarder encore sur ces contraintes même si elles sont proposées au nom de l’amour, car notre cette vision va à l’encontre du courant autonomiste de notre société moderne.

Si on précise cette sagesse en termes plus spécifiquement bibliques, on peut faire référence à Jean-Luc Hétu, ce pionnier des correspondances entre le donné évangélique et les défis de l’aventure humaine. Dans la postface de son livre, Et les disciples se mirent debout, il résume le contenu de son ouvrage :

«Au tournant du VIIe siècle avant Jésus-Christ, le prophète Michée disait à peu près ceci : « On t’a fait savoir ce qui est bien, ce que le Seigneur attend de toi: rien d’autre que d’accomplir la justice, d’aimer avec tendresse et de marcher avec vigilance avec ton Dieu ».(Michée 6,8). Pratiques de justice, apprentissage de la compassion, vigilance dans la façon de gérer son existence personnelle : ce sont ces trois défis de base de l’aventure humaine auxquels renvoient, chacun à sa façon, les deux cents commentaires qui constituent le présent volume. »

Un fond de bienveillance de Dieu à mon égard me pousse sur le chemin de la foi. «Fais cela et tu auras des jours heureux». Comme si Dieu me disait : Les exigences morales que je te propose sont en étroite relation avec tes propres aspirations de bonheur. Et Jésus semble compléter : Je t’accompagne sur ta route humaine et j’ose te dire que tu dois mourir à une partie de toi pour que tu connaisses un bonheur au-delà de celui de l’avoir, c’est le bonheur de l’être. Ce bonheur d’être et de faire être quelqu’un, seulement toi, humain, tu peux accéder à cet état spirituel.